La W Series en parallèle à la F1 en 2020. C’est bien, mais…
La W Series a vu le jour l’an dernier et ce fût un succès. Cette année deux manches auront lieu au même moment et au même endroit que des GP de F1. Si l’opération de communication reste intéressante, quelques réserves peuvent tout de même être soulevées. Nous allons donc en parler ici.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je me dois d’éclaircir un point très important. Je pense sincèrement que les femmes pilotes talentueuses ont leur place dans la catégorie reine. Des pilotes de talents et parfois de moindre importance courent toute l’année en Formule 1 et de base, le sport auto ne fait pas de distinction entre les hommes et les femmes. Le problème vient de l’accessibilité au sports mécaniques, pas des disciplines en elles-mêmes. C’est donc surtout un problème de manque de volonté des équipes, des instances et des coutumes qui perdurent.
Ceci posé, intéressons nous à la W Series. Lancée en 2019, la série est donc réservée aux femmes et se composait de 6 épreuves. Le premier championnat a été remporté par Jaimie Chadwick et il se déroule principalement en parallèle du championnat DTM qui soutient la discipline. Les audiences ont été bonnes, les courses intéressantes et c’est tout naturellement que la deuxième saison débutera le 30 mai prochain. Voici d’ailleurs le calendrier 2020 :
- 30 mai, Saint-Pétersbourg, Russie
- 13 juin, Anderstorp, Suède
- 27 juin, Monza, Italie
- 11 juillet, Norisring, Allemagne
- 23 août, Brands Hatch, Angleterre
- 5 septembre, Assen, Pays-Bas
- 24 octobre, Austin, Texas
- 31 octobre, Mexico, Mexique
Le but de l’opération est censé permettre à la gagnante du championnat de se propulser vers la F3. Jaimie Chadwick participe au championnat asiatique de F3 et elle est associée à l’écurie Williams en tant que pilote de développement. Comme une certaine Susie Wolff il y a quelques années.
L’arrivée de deux épreuves de W Series à Austin (Texas) et à Mexico (Mexique) est une avancée importante et intéressante pour la série et pour les femmes pilotes qui auront accès au paddock de la F1 et pourront discuter avec les équipes. C’est un fait. De plus ce championnat permettra d’accumuler des points pour leur super licence (ce qui permet de rouler en F1). La gagnante du championnat recevra 15 points, la vice championne 12, et ensuite avec la décroissance de 15-12-10-7-5-3-2-1.
Précisons que les pilotes doivent récolter 40 points en trois saisons pour obtenir leur super licence et obtenir le droit de participer aux week-ends de F1. Avec 25 points accumulés, les pilotes sont éligibles à piloter durant les essais libres du vendredi, et il y a un point à gagner pour chaque tranche de 100 km parcourus en essais libres.
Si Ferrari a manifesté son intérêt à ouvrir son académie de pilotes à plus de femmes, ainsi que Ross Brawn (une des têtes pensantes de la F1 actuellement) qui prône l’ouverture de la catégorie, il y a des voix discordantes face à ces annonces récentes.
La pilote allemande de F3 Sophia Flörsch n’est vraiement pas du même avis. Jugez plutôt :
Si c’est une autre opération marketing, rien ne changera. Nous devons montrer que nous pouvons faire jeu égal.
Réseaux sociaux de Sophia Flörsch
Avec une opposition comme celle-ci on pourrait hâtivement taxer la pilote comme une énervée de plus, peu reconnaissante des efforts qui sont fait actuellement pour l’ouverture des sports mécaniques aux femmes. Mais à titre personnel, je pense que son point de vue est intéressant, au même titre que les personnes qui soutiennent la W Series.
Si c’est une bonne chose que cette série d’épreuves existe, elle témoigne également du machisme qui existe en F1. C’est un fait établi et certaines déclarations concernant les femmes pilotes ont existé. Si les deux points de vue se défendent, je les vois plus comme deux voies à emprunter pour voir un jour sur la grille une femme piloter en GP de Formule 1. Je reste persuadé que les écuries devraient faire rouler les femmes dans leurs voitures pour leur talent et leurs réussites, mais la W Series a le mérite de permettre aux femmes de rouler en course sans conditions financières d’accès préalable et de ce fait, une jeune pilote talentueuse pourrait faire ses preuves directement. La W Series ne doit pas servir de prétexte au reste du sport automobile pour se donner bonne conscience, mais c’est au moins un pas de plus qui donne de belles courses à regarder.
J’ai une pensée pour toutes les femmes pilotes d’hier et d’aujourd’hui qui ont et qui vont pousser à plus de mixité dans les sports mécaniques. De Michèle Mouton à Danica Patrick en passant par Susie Wolff, elles ont toutes apporté leur pierre à l’édifice. Et n’oublions pas les femmes qui travaillent dans les équipes ou mieux encore celles qui en ont dirigés avec Monisha Katlenborn ou Claire Williams. Même si c’est difficile et que le succès n’a pas été et n’est pas présent, leur volonté à toutes de réussir est à souligner. Et j’espère voir une pilote en F1 très bientôt car Lella Lombardi en 1976, ça commence à faire loin quand même!