Racing Point F1 deviendra Aston Martin F1 en 2021. Ce que j’en pense.
L’annonce est tombée en fin de semaine dernière. Le consortium canadien mené par Lawrence Stroll (il est utile de rappeler qu’il n’est pas seul) fait du milliardaire Québécois un investisseur majeur d’Aston Martin puisqu’il possède désormais 16,7% des parts de la société Aston Martin Lagonda Limited. Si les voitures de route continueront de sortir, c’est le volet F1 qui nous intéresse aujourd’hui.
Ainsi donc, après avoir soutenu Williams, puis racheté Force India devenu Racing Point, un nouveau pas est en train d’arriver pour l’équipe basée à Silverstone. Le partenariat est prévu pour durer 10 ans entre les acheteurs et Aston Martin, en grande difficultés financières. La marque anglaise ne filera plus sur les circuits pour auréoler Red Bull mais deviendra un constructeur à part entière l’an prochain. Ça, ce sont les faits sportifs.
Maintenant posons un avis sur tout ça. D’abord, le fait de voir une marque britannique aussi prestigieuse continuer sa route est une bonne chose. Et l’argument fallacieux qui consiste à douter de la sincérité du plan en cours, notamment en arguant que l’identité de la marque va se perdre et autres bêtises, rappelez-vous que les Mini modernes ont des moteurs BMW depuis un sacré bout de temps et bien d’autres partenariats automobiles existent. Donc c’est un argument invalidé.
Ensuite, on va se débarrasser du « problème » le plus épineux. Le fait que Lance Stroll va certainement voir son baquet sécurisé sur le long terme. Alors, oui, je veux bien reconnaître que c’est un pilote plutôt moyen pour l’instant, que son talent n’est pas au niveau des génies et que ses erreurs sont souvent manifestes. Mais, c’est oublier plusieurs détails volontairement :
- Il a été champion pendant les 3 années où il a évolué dans les formules de promotion, et la Formule 3 c’est pas toujours une promenade de santé.
- Il n’a que 21 ans. Tous les pilotes ne sont pas des baby-drivers.
- L’argent à papa? Faux débat dans le sens où tous les pilotes payent leur volant d’une manière ou d’une autre, avec des sponsors personnels ou des montages financiers selon leur entourages et moyens d’accéder à la F1.
- Sa 5e place aux 24h de Daytona en 2016, c’est loin d’être ridicule.
Enfin s’il est évident pour le moment que Lance n’a pas les armes individuelles pour être un champion du monde, le fait que son père agisse industriellement pour en faire profiter son fils n’a rien de répréhensible. Mon avis personnel sur le pilote est assez simple pour l’instant, il est un pilote de milieu de grille qui doit absolument améliorer ses phases de qualification s’il veut vraiment profiter de ses bons départs en course. Et ça s’arrête là. Le verbiage de « fils à papa » et autres arguments de bas étage, ça ne m’intéresse pas. Quand aux rêveurs qui espéraient un rachat de Mercedes AMG F1, le réalisme reste à considérer. Le plan industriel et financier avancé par Lawrence Stroll semble construit et si une telle entreprise permet l’arrivée d’un constructeur en F1, personne ne s’en plaindra. Après, il faudra voir dans quelles conditions et avec quel partenariat moteur, d’autant que les rumeurs du retrait potentiel de Mercedes existent toujours malgré tout.
Si tout reste à construire, le sens des affaires du milliardaire Québécois n’est plus une donnée intangible. Ses entreprises fonctionnent, et il est entouré de personnes solides. Alors de mon côté, je suis curieux de voir ce qui va sortir à la fois des usines de Racing Point (sans compter la nouvelle usine en construction à Silverstone) et des usines d’Aston Martin pour les voitures de série. La question amusante étant : Est-ce qu’on verra Lance Stroll sur les événements promotionnels du prochain film James Bond ou mieux encore dans l’une des prochaines productions de la franchise? Mystère intéressant.

