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Retour de Fernando Alonso ou la solution de facilité.

C’est aujourd’hui officiel, même si la rumeur courait depuis des semaines. Le pilote espagnol revient là où tout a commencé après 12 ans d’absence, en 2021. Si dans les faits, il suit la trajectoire de Kimi Räikönnen qui est lui aussi revenu dans l’écurie de F1 de ses débuts en 2019, le retour du Taureau des Asturies soulève bien des questions.

Encore une fois, ce transfert est tout sauf une surprise. Alonso laissait des petits cailloux depuis son retrait de la discipline en 2018 et Renault ne cachait pas non plus son envie de signer avec le vétéran. Mais alors que 2021 signera la fin d’une ère de la F1 avec la nouvelle réglementation repoussée à 2022, Renault engage un pilote de 38 ans ce qui ne place pas vraiment l’équipe dans une grande perspective d’avenir.

Soyons clairs, je ne remets pas en cause le talent de Fernando, ni la longévité de sa carrière, quelque soit la discipline automobile courue. Ses victoires en F1, ses deux titres, ses années de lutte pour le titre chez Ferrari, le premier passage chez McLaren en 2007 et surtout son second passage difficile à Woking ont de quoi étonner de le voir de retour.

Mais Fernando Alonso c’est aussi une participation au Dakar, une participation intéressante aux 500 miles d’Indianapolis et une autre avortée, mais surtout deux victoires aux 24h du Mans, même si les Toyota Hybrid étaient seules sur leur planète. Mais alors, quel est le souci sur ce transfert ultra médiatique?

Le premier des problèmes, je l’ai déjà évoqué, c’est de faire revenir Alonso chez Renault après plus d’une décennie d’absence. Ça ressemble plus à un coup marketing qu’autre chose même si je ne doute pas des bonnes intentions du pilote et de l’équipe qui va le suivre sur les circuits. Pourquoi jouer autant la sécurité alors que l’académie des jeunes pilotes Renault est loin d’être ridicule? Quel message tu envoies à tes jeunes Cyril (Abiteboul, Directeur de l’écurie), qui se défoncent en F2 et ailleurs pour espérer venir ensuite en F1? Bah que ça sert à rien.

Le second souci c’est que Fernando Alonso est connu pour son comportement explosif mais aussi pour sa manière bien à lui de mener la politique dans les équipes qui l’ont engagé sur le long terme. A l’exception de Minardi (2001, bref passage de première année), McLaren (2007, Hamilton et l’affaire de l’espionnage), chaque équipe était construite autour de lui seul et ses équipiers étaient tous ou presque laissés pour compte. A chaque départ d’Alonso, on apprenait que les employés des écuries étaient rincés par le caractère difficile du double champion du monde. Renault en 2005 et 2006, tout était fait pour gagner avec Alonso mais c’était normal, vu le contexte. Mais le premier retour en 2008 et 2009 a été compliqué. avec le Crashgate de Singapour en point d’orgue. D’autres exemples? D’accord, on va y venir.

La période Ferrari où Alonso s’est battu avec un tracteur pendant quatre saisons mais où tout était fait pour lui sans exception. Des titres honorifiques de vice-champion du monde comme meilleures récompenses, mais à quel prix… Quant à la catastrophe McLaren Honda, demandez donc à Stoffel Vandoorne ce qu’il a pu vivre dans l’écurie. Jenson Button étant une exception puisque sa carrière était déjà construite.

Tout cela me fait dire que si le défi sportif de faire revenir Fernando Alonso en F1 à 39 ans (il aura cet âge en 2021) peut paraître intéressant sur le papier du fait de la carrière du bonhomme, je m’interroge sur l’impact de l’homme dans l’équipe et si l’ambition de Renault de retrouver les avant-postes n’est pas un peu occultée au passage. Et que dire d’Esteban Ocon qui voit arriver ce mastodonte de la F1 dans ses pieds alors qu’il reprend ses marques à Enstone… Il fallait bien évidemment remplacer Daniel Ricciardo en partance pour McLaren ce qui bouclera la boucle, mais franchement, il y avait sans doute des choix plus ambitieux à faire, même si l’expérience de Nando est indéniable.

Je suis content pour Fernando Alonso qu’il puisse être de retour, mais je suis triste de voir le repli de Renault qui, en dehors des déclarations médiatiques actuelles et à venir, ne fait que chercher la meilleure manière… De ne pas changer alors que la F1 s’apprête, elle, à faire sa mue.

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