Le regard, une autre composante importante de l’expatrié.
Quand on a un projet d’immigration, on peut tout faire pour tout savoir à l’avance, pour éviter d’être perdu. Mais même si, comme moi, vous avez fait le maximum pour faciliter votre intégration, il est impossible de connaître tous les codes et toutes les bonnes habitudes du pays qui va vous accueillir.
Cette semaine, c’est un article moins général et plus personnel que je vais dérouler devant vous. Il ne s’agit pas de dire comment faire pour changer ou adapter son regard vers le pays ou l’endroit qui va vous accueillir, mais plus par quelles phases je suis passé.
La première phase a démarré à mon arrivée et elle a duré à peu près un an. C’est la phase de découverte. A ce moment de l’aventure, tout est beau, tout est rose et tout est brillant. Et je dois reconnaître que je me suis laissé aller au jeu des comparaisons avec la France. Et même si vous tentez d’éviter ce piège, il est impossible de ne pas tomber dans cette rationalité des choses. Car même si vous ne voulez pas y succomber, votre inconscient le fait pour vous. Parce que cette découverte totale est aussi un bouleversement. Et que votre cerveau cherche, presque malgré vous, à retrouver des repères et des données connues. Donc ça va vous arriver. Le tout est de ne pas faire que ça et d’accepter ce que le pays vous offre tel qu’il est. C’est à partir de ce constat que je suis entré dans la deuxième phase : l’adaptabilité.
C’est à partir de ce basculement que j’ai compris que j’étais capable de m’intégrer dans la société québécoise et canadienne. Le brillant des choses s’est un peu estompé et je crois que j’ai commencé à voir les choses telles qu’elles étaient, sans prétention de ma part. Et je n’ai pas eu de mouvement de déception à ce moment-là car je faisais le travail nécessaire pour revenir vers la normalité sur la vision des choses. Pendant cette période, l’obtention de ma Résidence Permanente a été un excellent moteur de mon atterrissage dans la vraie vie, en quelque sorte.
La troisième et dernière phase que j’entrevois dans ce processus, c’est l’ouverture dans ma manière de voir les choses et les gens. Je suis maintenant capable de me projeter dans le regard d’autrui et je n’ai plus besoin de me regarder mentalement pour agir directement, sans réflexion préalable de l’impact de mes actions dès les premières secondes d’application. Cette sensation est arrivée il y a presque un an, Quand Véronique et Caroline (ma belle-mère) m’ont conseillé de faire de la photographie. Elles m’ont dit que j’avais un oeil assez intéressant sur les choses. Et j’ai bien fait de les croire.
Depuis ce jour-là, mon compte Instagram et mes réseaux sociaux se peuplent de mes photos et je me suis surpris à avoir les yeux qui traînent partout quand je fais quelque chose. Ça a aussi un autre avantage non négligeable, je suis beaucoup plus attentif aux situations qui peuvent arriver et je crois que ça a aussi développé mon empathie et l’attention aux gens que je côtoie ou à ceux que je croise.
Notre société actuelle nous pousse vers un individualisme presque forcené qui a pour conséquence qu’on regarde plus souvent ses pieds qu’à hauteur de regard. Je vois tellement de gens qui ne pensent qu’à leurs soucis sans regarder autour d’eux! Grâce à tous ces petits changements, j’ai relevé la tête et je regarde vers le haut. Et croyez-le ou non, mais je souris bien plus souvent que je ne pleure. Allez savoir pourquoi.
2 commentaires
Altris
Super article et super point de vue. Après la question que je me pose, est-ce que la France ne te manque pas desfois ?
Genre y’a pas des petits trucs de la France que tu aimerais retrouver ?
Matthieu Meignan
Merci pour ce commentaire Altris. Ta question est intéressante car on me la pose régulièrement et en fait il y a peu de choses qui me manquent de la France. Par contre, comme j’ai déjà pu l’écrire, ce sont les gens que j’apprécie qui me manquent. Ce sont ces gens que j’espère retrouver quand je voyagerai en Europe, en même temps que je ferais découvrir ce continent à Véronique.