La quête d’identité fait partie du parcours d’immigration.
Quand on prend la décision de s’établir dans un autre pays que celui qui nous a vu naître, il y a des conséquences qu’on peut anticiper. En ce lendemain de 14 Juillet, je vais vous parler des sentiments identitaires qui me traversent à cette période de l’année.
Même si je me pose régulièrement la question de qui je suis, en particulier ces dernières années, j’ai toujours essayé de me placer dans la société. De par mon handicap physique, j’ai su dès les premiers jours de ma vie ce qu’être différent voulait dire, consciemment ou non.
Depuis le jour où je me suis installé au Canada, pour les beaux yeux de Véronique, je me suis très souvent interrogé sur ce que j’étais au milieu du Québec et j’ai parfois eu des sensations de vertige en m’imaginant au milieu de la foule d’humains qui peuplent notre planète. Même si je suis fier d’avoir eu le courage de changer d’univers pour orienter ma vie autrement, ce sentiment précis m’a saisi dès la descente de l’avion et il me taraude encore de temps en temps. Sans me prendre pour un super-héros (ce n’est pas mon genre), le chemin que j’ai parcouru jusqu’à aujourd’hui est assez dingue quand j’y réfléchis. Et on en est qu’au début de l’histoire. Tant de choses restent à accomplir…
Mais qu’advient-il, aujourd’hui, de mon identité française, québécoise et canadienne? Pour être honnête, comme je l’ai déjà écrit ici, mon identité française n’est plus une attache bien solide. L’Hexagone fait partie de moi parce que j’y suis né et ce sera toujours un peu le cas. La France en tant que pays est moins importante que les gens que j’aime et ceux que j’apprécie sur ce territoire. Il en est de même pour ceux qui habitent ailleurs. Mais le sol français et sa société en général n’est plus aussi importante à mes yeux au fil du temps. Je me concentre bien plus sur le devenir du Québec et du Canada aujourd’hui.
Ma part d’identité québécoise est celle qui prend le plus de place à l’heure actuelle. La Belle Province a accepté de m’accueillir et je ne cesse d’en être reconnaissant. J’ai d’abord appris à vivre au Québec avant de faire mes propres choix et de choisir le poids et les conséquences de mes actions. Si certaines personnes au Québec rêvent d’indépendance, je n’ai pas la prétention d’avoir un avis sur la question. Mais j’ose croire que je suis devenu québécois par choix et je considère que cet état de fait est réel depuis l’obtention de ma résidence permanente. C’est à cette date que le fleurdelisé s’est tatoué sur mon coeur.
Enfin, je sais à quel moment je pourrais me considérer comme canadien. Ce sera une fois que je serais naturalisé et pas avant. Donc cette partie de moi n’existe pas encore et il va falloir un peu de temps avant que cette porte de mon être soit ouverte. La nation canadienne se ressent comme ouverte et elle est souvent comparée à une mosaïque. Quand le jour sera venu, j’apporterais ma part à cette grande fresque canadienne et il est certain que j’en retirerais une grande fierté.
Je sais pertinemment que je pourrais être tout cela à la fois quand tout sera possible. Et aussi qu’on ne peut ni oublier d’où l’on vient ni l’effacer. Je suis heureux de voir qui je suis et ce que je vais potentiellement devenir. Ce qui est important à mes yeux actuellement c’est d’être bien dans mes baskets. Et c’est à Montréal que j’ai trouvé ce bonheur durable. Et ça, c’est quelque chose qui restera en moi à jamais.
4 commentaires
Lily
Superbe ton exposé, comme toujours et je te comprends tellement… Moi, je ne suis pas encore partie mais j’avoue très honnêtement que je ne me sens plus du tout française, pire que ça, j’ai honte de mon pays pour diverses raisons… Et je le quitterai, peut-être un jour, sans aucun regret car je ne m’y reconnais plus du tout, mais alors, plus du tout…
Matthieu Meignan
Merci beaucoup pour ce beau compliment. Je comprends et je connais tes sentiments car nous en parlons souvent ensemble. Il est souvent difficile de comprendre certaines décisions et il m’arrive aussi d’avoir honte sur certaines choses je l’avoue. Et je me réjouis de pouvoir montrer que d’autres choses existent.
AkikoYunicia
Superbe article. Étant une pure Cantalou qui n’est sortie de France qu’une seule fois, ton immigration est pour moi une épopée qui me donne le vertige.
Ton article m’a beaucoup touché ! (J’ai une larme au coin des yeux) je suis vraiment contente que tu es trouvé ta place. De nos jours c’est pas facile et d’avoir eu le courage de traverser l’océan pour y parvenir est une magnifique preuve de ton amour pour Véronique mais aussi une preuve de ta grande force de caractère. Je ne sais pas si j’aurai pu le faire si j’avais été dans ton cas.
Bref, bonne route au Québec et que tous tes projets se concrétisent. Bizou
Matthieu Meignan
En voilà un beau commentaire! C’est très touchant et je te remercie de m’avoir lu et écrit. Mais tu sais, je reste persuadé que n’importe qui peut tenter l’aventure. Il suffit d’avoir un but et des projets. Et merci aussi pour tes encouragements 🙂