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Fin de la Ligue Canadienne de Hockey Féminin : Entre la tristesse et quelques pistes de solutions.

J’ai appris hier avec tristesse la fin de la LCHF (Ligue Canadienne de Hockey Féminin). Je ne vais pas vous mentir, c’est un choc pour moi car je peux vous garantir que le hockey féminin a autant d’atouts, si ce n’est plus que le hockey masculin. Pour avoir vu les Canadiennes de Montréal jouer en live à plusieurs reprises, cette ligue méritait de continuer à exister.

Le communiqué de presse parle d’un problème économique pour soutenir le fonctionnement de la Ligue. S’il est vrai que le paiement des salaires pour les joueuses était entré récemment en vigueur, on est loin des sommes faramineuses des hockeyeurs dans la LNH! Jugez plutôt : Les joueuses pouvaient obtenir un salaire de 2000 à 10 000$ selon leur degré d’expérience avec un plafond salarial de 100 000$ par équipe. 

On peut aussi noter que 3 équipes de la LCHF étaient soutenues par 3 équipes de la LNH :

  • Les Canadiennes de Montréal par les Canadiens de Montréal
  • Les Furies de Toronto par les Maple Leafs de Toronto
  • L’Inferno de Calgary (récentes gagnantes de la Coupe Clarkson) par les Flames de Calgary

Sachant que la ligue comptait 6 équipes, c’est quand même la moitié des joueuses qui avaient des puissances de ce sport à leurs côtés. Un dernier chiffre enfin : Le budget de la Ligue Canadienne de Hockey Féminin disposait d’une enveloppe totale de 3.7 millions de dollars pour fonctionner. Sur une année, c’est pas énorme pour envisager sereinement un développement économique viable MAIS il y a de quoi être déçu de voir cette fin abrupte d’une ligue qui allait de l’avant.

La diffusion de la finale de la Coupe Clarkson sur TVA Sports le 24 mars dernier avait ressemblé 175 000 personnes devant leur télé. Ce n’est pas rien. Les chiffres de fréquentation à Montréal pour les Canadiennes étaient bons et augmentaient ces dernières années. De plus, la LCHF pouvait compter sur les joueuses Olympiennes qui faisaient la réputation de la Ligue. Quel dommage de voir ce rêve de 12 ans mourir comme ça. D’autant qu’apparemment, personne n’a été réellement mis au courant avant le communiqué de presse tombé hier. Ni les administrations des clubs, ni les joueuses n’ont bénéficié d’un préavis. Clap de fin sans sommation. 

Aujourd’hui, on sait déjà que Les Canadiennes disposent d’un comité de réflexion pour envisager les suite des choses. Il paraît inconcevable que Montréal perde son équipe et il semble que Meg Hewings et toutes celles et ceux qui l’entourent veulent revoir les Canadiennes de Montréal sur la glace l’automne prochain. 

A titre personnel, j’entrevois deux solutions pour que les filles puissent continuer à vivre de leur passion et que de plus en plus de filles puissent le faire :

  • Premièrement, un rapprochement avec la National Women Hockey League (une ligue féminine existante aux Etats-Unis) permettrait peut-être une certaine continuité afin que les équipes de la LCHF puissent continuer à se développer, notamment avec l’équipe basée en Chine, le Shenzen KRS Vanke Rays. Avec le Thunder de Markham et les Blades de Worcester que l’on espère aussi revoir, l’intégration paraît une bonne option.
  • Deuxièmement, sur un temps plus long, il serait intéressant que la LNH s’inspire de la NBA qui a créé en 1996 la WNBA, le pendant féminin de la grande ligue de basket. Parce que leurs dirigeants avaient compris, il y a presque un quart de siècle, que l’élargissement de leur sport (et donc de leur marché, soyons réalistes) passerait par une ligue féminine. Et c’est ce qui s’est produit! C’est donc un exemple à étudier au plus vite pour permettre à des milliers de hockeyeuses en Amérique du Nord, quelque soit leur âge et leur parcours, de rêver grand. L’exemple de la WTA est aussi à regarder, créé par les tenniswoman il y a des lustres dont les résultats sont aussi sur la bonne voie.

Pour conclure, faisons un calcul simple : La Ligue Nationale de Hockey compte 31 équipes actuellement (bientôt 32 avec l’arrivée de Seattle pour la saison 2021-2022). Si on divise un budget de 5 millions de dollars (pour le rendre un peu plus élevé que les 3.7 millions cités précédemment et prendre en compte une éventuelle fusion des deux ligues féminines), on arrive à 5 000 000$/31 = 161 290$ par équipe et par an! C’est un budget tout à fait raisonnable pour des franchises qui génèrent des revenus assez conséquents même pour les équipes à petit marché! A titre de comparaison, un joueur de la ligue Nationale est payé au minium 650.000$ par saison. 

Je trouve que ce n’est pas cher payé pour voir les meilleures athlètes du monde nous offrir du grand spectacle et ce serait vraiment un excellent signal pour l’égalité dans le sport. Je suis persuadé que toutes les personnes impliquées dans les équipes de la ligue défunte vont se battre pour revenir, mais je pense que c’est le bon moment pour les clubs de la Ligue Nationale de démontrer qu’un partenariat n’est pas une simple question d’image, mais qu’il peut se transformer en actions concrètes pour le bien du hockey en général. 

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