Opinions

Fausses nouvelles, réseaux sociaux et réflexion : Le cocktail qui se meurt?

Ces derniers jours, j’ai pu être témoin, sur les réseaux sociaux, de plusieurs partages de fausses nouvelles qui m’ont interpellé. Ce n’est pas une question de contenu (qui par définition est discutable), mais la propagation des fake news et des comportements actuels qui en découlent. Ma prise de parole d’aujourd’hui ne vise pas à m’ériger en moralisateur des plateformes, mais à partager mes réflexions à ce sujet et pourquoi pas, à éveiller quelques consciences sur un fait aussi terrible qu’établi : Les êtres humains ne pensent plus. Ou si peu.

Aujourd’hui, tout va très vite. Il est systématiquement question de répondre dans la minute, de peur d’être largué dans le TGV de l’information. Si le concept de fausse nouvelle en tant que tel est vieux comme l’invention de l’imprimerie, la dimension numérique que ce phénomène a pris ces dernières années est énorme. Si on se réfère à cette chronique de Radio-Canada (même si elle est assez ancienne), le mécanisme qui y est décrit est assez affolant et témoigne d’un changement de comportement de la population ses dernières années qui semble prendre de l’ampleur.

Les réseaux sociaux, au départ, sont des plateformes de communication entre les gens. Si Twitter, avec son concept de microblogging préfigure de lui-même ce que ces médiums vont devenir, la raison première de ces outils, c’est la communication interpersonnelle. Aujourd’hui, Facebook et Twitter (Instragram jouant un rôle différent) sont devenus des médias d’information à part entière. Si on ajoute la colonisation des marques sur ces fenêtres numériques, la communication s’est complexifiée au fil des années. Même s’il ne s’agit pas de juger positivement ou négativement cette évolution, le questionnement est tout de même permis quant au devenir de ces plateformes.

Si on ajoute par-dessus toute cette recette faite de 0 et de 1 les algorithmes qui régissent ces tribunes numériques, avec le mécanisme de bulles informationnelles qui font que vous ne verrez sur votre mur ou vos comptes que les informations préalablement sélectionnées par ces opérateurs privés, l’arrivée des fake news et la notion de vérité alternative n’est pas si étonnante.

Mon seul conseil, c’est de croiser systématiquement les sources face à une information qui passe sous vos yeux ébahis. Et j’ajouterais même, avant de faire ça, que tout le monde se demande, face à un article donné, quels intérêts sont servis par cette publication, quels sentiments vous habitent quand vous les lisez et surtout à quel point le contenu est sensationnaliste.

Dans une période où les médias sont malheureusement discrédités, il appartient à chaque citoyen de devenir responsable de ce qu’il partage. Facebook, Twitter, Instagram ou n’importe quel compte social présent ou à venir, c’est une tribune qui vous appartient. Mais malgré ce que notre siècle d’Internet nous laisse croire, nous sommes impliqués dans le contenu que nous laissons sur le web, que ce soit du contenu original ou non. Encore une fois, je ne suis pas anti-RS, bien au contraire. Mais je crois qu’une déontologie personnelle est à réfléchir mais surtout à mettre en place. La propagation de fausses nouvelles nuit aux rapport entre les gens et la recherche systématique de la polémique comme des bêtes assoiffées de sang ne rend service à personne.

Nous sommes tous capables de croiser des sources et de faire repartir le chant de la pensée, surtout si elle est construite et instructive. Les algorithmes ne sont pas une fin en soi. Nous dominent-ils? On aimerait bien penser que non. Mais comme ils sont partout, dans nos achats, dans nos humeurs, dans nos informations, on pourrait baisser les bras. Mais c’est comme pour tout, les nuances existent. Et si, après ces moments de folie de ces dernières années, nous nous remettions véritablement à penser? Il est peut-être temps de sortir de l’invective et de la peur pour aller vers beaucoup plus d’humanité.

2 commentaires

  • Lilou

    Tu as bien vu que je me suis faite « avoir » il y a quelques jours en diffusant, sans le savoir, un fake news… C’est la première fois que cela m’arrivait et j’en ai été mortifiée… Pour moi les fake news sont un élément destructeur car ce sont, pour la majorité de fausses nouvelles négatives, voire méchantes et cruelles…
    Comme tu le dis très justement, mon cher Matthieu, je vais être d’une vigilance maladive car je ne supporte pas que l’on diffuse de fausses informations et le fait d’en avoir été la « victime » m’a vexé au plus haut point car je vérifie toujours mes sources… Mais celle-çi m’a échappé…
    Et je vais employer une formule « PLUS JAMAIS CA

    • Matthieu Meignan

      Je comprends et je compatis à te frustration qui est légitime. Le sensationnalisme fait que les mécanismes utilisés sont souvent subtils. La meilleure arme pour éviter de tels problèmes, c’est effectivement de prendre son temps. Partager en étant sûr de la véracité des choses car le temps ne joue pas toujours contre nous, contrairement à ce que les plateformes veulent nous faire croire. Les réseaux sociaux sont construits sur notre attention. Il ne faut pas les rejeter, mais être conscient de ce qu’ils sont.

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