Expatriation

Handicap et expatriation : Comment j’ai concilié les deux avec succès.

Si vous ne m’avez jamais rencontré en personne, il est peu probable que vous ayez conscience de la réalité de ma condition physique. L’article d’aujourd’hui va être l’occasion de vous en apprendre plus sur moi.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, on va prendre le temps de poser le contexte. Mon handicap est appelé IMC pour Infirmité Motrice Cérébrale (J’ai appris il y a peu que ça ne s’appelait plus comme ça aujourd’hui mais impossible d’être certain de la dénomination moderne de ma pathologie). Pour faire simple, je dois marcher avec une canne à l’extérieur et la motricité de mes mains est légèrement déficiente. Ma vue est aussi touchée mais c’est assez minime au final. Je suis né ainsi, j’ai donc toujours vécu avec ces limitations.

Face à ce constat, j’ai rarement été quelqu’un qui se réfugiait derrière mon état de santé pour dire que je n’étais pas capable de faire quelque chose. C’est même plutôt le contraire qui s’est produit jusqu’à présent. Il a toujours été question de trouver une solution si mon handicap me freinait dans mon évolution.

Mais lorsque la question de préparer mon immigration s’est posée, j’ai tout de même eu beaucoup de réticences tout au long du processus. Premièrement, il faut savoir que la France n’est pas à la pointe du progrès social en ce qui concerne l’intégration des personnes handicapées. J’ai vécu des situations ubuesques liées à ma condition physique pendant des années, administrativement notamment. Par effet de mimétisme, je pensais que le Canada ou le Québec pourraient me faire vivre le même genre d’épreuves. Deuxièmement, il faut savoir qu’actuellement, si vous voulez immigrer au Canada, en particulier si vous envisagez de rester (je pense notamment à la résidence permanente) une visite médicale est obligatoire. Et c’est là que ça peut se corser. A la suite de cette visite, si l’administration canadienne considère que votre santé peut coûter au-delà de 33 275$ sur 5 ans ou 6 655$ par année, votre candidature peut être rejetée. Même si je savais que ce n’était pas mon cas, j’avais tout de même ces craintes dans le fond de ma tête et il a bien fallu y répondre. Même si le gouvernement canadien réfléchit à l’idée de supprimer cette condition ce qui est une bonne chose.

C’est là que Véronique a dû être patiente et persuasive pour lever toutes les barrières que je posais joyeusement autour de moi. Quand vous vivez dans un environnement négatif général, dans un pays qui passe son temps à râler pour tout et rien et qui ne valorise pas assez la réussite, ce n’est pas le meilleur endroit pour faire le plein de confiance. Mais ma femme a tenu bon. En répétant à chaque fois que c’était nécessaire les bonnes phrases concernant le pays que j’allais bientôt habiter. En répétant aussi les étapes nécessaires à chaque procédure engagée pour mon arrivée à Montréal. Pour cela, c’est elle la super-héroïne!

Aujourd’hui, plus de trois ans plus tard, il est évident que ma femme avait raison sur toute la ligne. Non seulement mon handicap n’a jamais été un frein à mon intégration, notamment parce que personne ici ne l’a perçu négativement, mais c’est surtout devenu une force supplémentaire pour accomplir tous les projets que j’ai en tête! S’il est évident qu’il faut s’adapter dans certaines situations (principalement en limitant le temps de marche pendant les journées éprouvantes), je n’ai jamais été empêché de faire quoi que ce soit ici. Le regard des gens est toujours bienveillant et je pourrais vous raconter plusieurs moments de vie ou on m’a aidé instantanément. Et je n’ai jamais vu de regards pesants au Québec alors que je ne les comptais même plus en France.

J’ai fini par faire de mon handicap une partie de mon identité, mais c’est juste un petit truc en plus. Ce qui me définit ici, ce sont mes actes et parfois mes bonnes actions. Parce que handicap ou pas, si je peux aider mon prochain, je ne vais pas me gêner. Je ne le dirais probablement jamais assez, mais le Québec m’a redonné foi en l’humain et je pense que si vous êtes en Europe, il est très difficile pour vous d’imaginer à quel point il est facile d’échanger avec les Québécois. Même pour un simple salut. Essayez de faire ça à Paris, ça risque de vous faire bizarre!

En définitive, mon handicap existe toujours mais il s’est dilué ses dernières années. Même pour moi. Tout ce que je fais, je le fais pour moi et les autres. Le prisme du handicap est secondaire. C’est probablement la plus belle preuve que malgré le fait que je ne sois pas valide, mon installation au Canada est un succès.

6 commentaires

  • AkikoYunicia

    Merci pour cet article très sympa qui comme toujours me donne envie de découvrir encore plus le Quebec et le Canada.
    Je ne rends pas vraiment compte, parce que je n’ai pas de point de comparaison, mais c’est vrai que je trouve les personnes autour de moi (tous des français) très pessimiste. C’est dommage !

    • Matthieu Meignan

      Merci beaucoup! Si tu as envie de découvrir le Québec et le Canada tant mieux, c’est le but du site 😉 Quant au pessimisme, il est malheureusement ancré chez bien des gens… Mais ça peut changer!

  • Lilou

    Cher Matthieu, tu manies toujours la plume avec autant de dextérité… Si tes copines et copains d’ici pouvaient en faire autant, ce serait merveilleux… Mais là, je rêve toute éveillée…
    Avec un tel talent, si rare chez des personnes de ton âge, tu devrais vraiment écrire un roman.
    Très très heureuse pour toi, pour Véronique et j’ai vraiment hâte de vous revoir un jour… Car 3 ans
    sans te voir, ça commence à faire long.
    Je t’embrasse bien affectueusement.
    Lilou

    • Matthieu Meignan

      Que de compliments ma chère Lilou! Tout ceci me va droit au coeur! Ecrire un roman? Qui sait? Pour moi aussi 3 ans c’est long, j’espère que les planètes vont bientôt s’aligner dans nos vies pour que l’on puisse passer un beau moment en Europe. Bisous à toi et aux tiens.

      • Lilou

        Je l’espère aussi, du fond du coeur, que nos planètes vont s’aligner afin de te revoir, enfin, tu auras mille choses à nous raconter et de faire, aussi, connaissance de la délicieuse Véronique.
        Bises à tous les deux et à vos amours à 4 pattes.

        • Matthieu Meignan

          C’est certain qu’on aura beaucoup de choses à se dire! Bises à toi et à tout le monde à la maison 😉

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