Expatriation,  Ressentis

La question de rentrer dans son pays d’origine, c’est un passage possible de l’expatrié.

Le point de départ de cet article et de ma réflexion du jour c’est la dernière vidéo de la chaîne CAM c’est elle (une excellente chaîne YouTube que je vous recommande d’ailleurs) où elle annonce son retour en France après avoir passé 6 ans hors de l’Hexagone. Sa réflexion a nourri une interrogation sur mon projet d’immigration et sur mon avenir, couplé a celui de Véronique évidemment.

Avant d’aller plus loin, il ne faut pas oublier que chaque expérience d’immigration est différente, que ce soit pour ces motivations premières ou pour le déroulé de l’histoire. Ce que je vais essayer de partager avec vous, ce sont les réflexions que la vidéo de Camille ont fait germer et quelles sont les réponses j’ai pu donner à ces interrogations.

J’ai d’abord établi que mon expatriation est relativement récente. Il n’est pas impossible que mes certitudes concernant mon établissement au Canada soient susceptibles de changer au fil du temps, principalement à cause d’un événement extérieur. Ça c’était le premier stade de mon introspection.

Ce qui est arrivé rapidement ensuite, c’est que même si un événement pouvait potentiellement bouleverser mes certitudes, il est certain que je ne vais pas quitter le Québec pour revenir en France. Pourquoi? Tout simplement parce que la vie que j’ai construite ici est celle que j’ai choisie et que, plus important encore, c’est celle que je mène par moi-même sans que personne n’essaie de m’entraver, de quelque manière que ce soit.

J’ai déjà pu l’écrire ici, mais je le redis avec conviction, ce sont les personnes que j’apprécie qui me manquent plus que le pays en lui-même. La gastronomie française? Elle est excellente et plus diversifiée qu’on ne le croit ici. Les paysages et la culture? Des visites touristiques pourront pallier à ça. Le reste ne sont que des petits détails dont j’ai appris à m’accommoder.

Mais alors, serais-je devenu un être sans coeur qui rejette tout de sa terre d’origine? Non, pas du tout. Il est évident que lorsqu’un décès survient dans ma famille, c’est toujours un peu compliqué. C’est la porte ouverte aux ascenseurs émotionnels et à un sentiment de culpabilité qui peut vous ronger si vous n’y prenez pas garde. Je vais devoir gérer ce genre d’événement avec sérénité et prendre les bonnes décisions quand ça arrivera.

Mais tout ceci sera toujours contrebalancé par deux faits importants. Premièrement, ma famille n’a que trop rarement soutenu mes décisions. Il en résulte un gouffre de reconnaissance qui n’a jamais été comblé et qui ne le sera jamais. Deuxièmement, et c’est l’élément crucial qui fait que je ne rentrerais jamais en France définitivement, c’est que nous savons, avec Véronique, qu’une immigration en France signifierait un parcours du combattant dantesque pour elle. Que ce soit pour qu’elle obtienne un titre de séjour et qu’elle puisse le garder et le renouveler, l’administration française nous ferait vivre des semaines voire des mois de casse-tête kafkaïens sans intérêt réel pour elle. Si on ajoute à ça la possibilité aléatoire de reconnaissance de ses diplômes, il est impensable que ma femme subisse tout ça.

C’est d’ailleurs pour ces raisons que la décision de me faire venir qu Québec et non l’inverse s’est imposée d’elle-même. Et vu le climat délétère qui règne entre les gens en France ces derniers temps, ça donne pas envie de virer de bord.

Globalement, il m’est vite apparu que la possibilité d’un retour durable est tout simplement impossible à envisager. Des visites pour les vacances, oui, ça arrivera. Mais pas au-delà. Mes projets personnels et professionnels sont et resteront canadiens. J’espère que Cam, Ben et Gus trouveront leur équilibre en France pour le meilleur, mais dans mon cas, les choses se sont renforcées. Et c’est très bien ainsi.

4 commentaires

  • Lily

    Cher Matthieu, toujours ton excellente écriture et analyse… J’avoue que j’aurai un moment d’égarement si je te voyais revenir en France après tout ce que tu y as vécu… Tu l’as parfaitement expliqué ci-dessus. La France est devenue un pays ou beaucoup de personnes ne se reconnaissent pas. Je ne m’y sens plus chez moi, ni à ma place.. La nostalgie des belles années passées me fait mal… C’est vrai que tu me manques beaucoup, nos discussions nos rires, etc. et puis j’aimerai tellement faire la connaissance de la douce Véronique… Mais je sais que ça viendra, un jour ou l’autre, d’une façon ou d’une autre, peu importe, mais nous y parviendrons…

    • Matthieu Meignan

      Chère Lilou, Nous nous reverrons bientôt d’autant que tu sais que je tiens mes engagements. Je comprends ta douleur, je la ressens aussi parfois. Nous viendrons te voir avec Véronique et le plus beau c’est que nous aurons plein de choses à partager autour d’une coupe de champagne!

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