Éditoriaux,  Opinions

Je vais vous raconter comment j’ai vécu mon temps de chômage en France.

J’ai lu ce matin cet article qui mentionne qu’un conseiller Pôle Emploi à Rennes est en procédure de licenciement… Pour avoir bien fait son travail. Clairement on marche sur la tête. Je vous laisse le lire pour vous faire une opinion. J’en ai une mais j’y reviendrai en fin d’édito.

L’action se passe quelques années avant mon départ au Canada. Après 9 mois de boulot en tant que téléconseiller qui m’ont tellement bousillé psychologiquement et physiquement que me présenter au travail était impossible certains jours, je me retrouve dans une procédure de licenciement que j’avais vu venir. Une fois licencié, c’est là que la danse commence.

En 14 mois d’attente, de galères, de relances plus ou moins sympathiques au téléphone et par recommandés de la part de Pôle Emploi et surtout d’un suivi plus que discutable avec changement de conseiller à chaque rencontre, des entretiens téléphoniques et en personne qui ressemblaient plus à Questions pour un Champion qu’autre chose, j’ai fini par savoir, après plus d’un an et des papiers perdus et redonnés que je n’aurais droit à rien. Pas assez travaillé à quelques heures près, pas assez longtemps mais peut-être que si… Bon, j’ai pas cherché plus loin, fatigué de me prendre des tartes dans la gueule par les intervenants sociaux et la famille qui pensaient que je branlais rien de mes journées.

Mention spéciale à Cap Emploi qui te fait des belles promesses de retour à l’embauche, de formation et de soutien pour que tu retravaille vite et qui au bout d’un rendez-vous ne te contacte plus, ne retourne pas tes appels et te bourre de Newsletters que j’ai encore reçues assez récemment avant d’enfin parvenir à les virer de ma boîte mail en 2018.

Alors je ne saurais probablement jamais si j’avais le droit à une aide quelconque et aujourd’hui je m’en contrefous. Je m’en bas les steaks. Mais ce que mon histoire et l’article que j’ai cité montre bien, c’est à quel point le système centralisé français peut se foutre de la gueule du monde. Même si Pôle Emploi se défend d’organiser sciemment le non-versement des allocations, personne ne peut les croire. Tous ceux qui ont eu besoin des minimas sociaux et des aides de l’État en France savent que c’est galère. Ils savent qu’il y a de la retenue d’informations avec les papiers perdus et toutes sortes de saloperies du genre. On s’en doute tous. Personne n’est dupe.

En lisant cet article ce matin, j’ai senti un énorme blocage se défaire en moi. Parce que c’est la potentielle illustration de ce que beaucoup vivent et ce que j’ai vécu. Si je dis (et je le maintiens) que la population française est le premier moteur de son mal-être, force est de constater que l’État français ne fait surtout rien, dans ce cas précis, pour que la grogne systémique cesse.

Un homme fait son boulot correctement et aide les gens à reprendre pied et on lui cherche des poux depuis des plombes? À quel moment c’est logique bordel? Tu sais quoi Pôle Emploi? Va donc chier! Au moins ici, même si ce n’est pas parfait, tout le monde se soutient avec l’aide des paliers gouvernementaux et on te fait pas poireauter. Si tu le droit à une aide tu la demandes et go. Bon si tu fraudes tu vas sentir le boulet passer, mais au moins on te soutint direct, on cherche pas à te laisser crever la gueule ouverte tabarnak!

Je suis parti au Québec par amour mais aussi parce que la France était en train de me broyer. Et malheureusement, l’exemple lu ce matin démontre que j’ai bien fait de me tirer tiens.

2 commentaires

  • Diane

    Hello Matthieu,

    Je rejoins ta colère viscérale partagée dans cet edito. Moi même sans activité professionnelle depuis plusieurs mois, les remarques entendues sont nombreuses et rares sont les agents qui font preuve d’humanité.

    Je ne m’étalerai pas sur mon vécu mais sache que je me retrouve (à quelques détails près) dans ces lignes..

    Pôle (sans) Emploi est devenu un des symptômes de ce mal français.

    • Matthieu Meignan

      Merci Diane, j’ai écrit ces lignes avec mes tripes, parce que parfois, le silence ne suffit plus. Merci de m’avoir lu 🙂

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